Il fut le représentant le plus important de la génération qui a suivi celle de Ronsard et précédé celle de Malherbe.
Né à Chartres d'une famille de négociants, Desportes fait de solides études classiques et prend la tonsure.
Il devient secrétaire de l'évêque du Puy, qui l'emmène à Rome : il s'y accoutume aux mœurs policées et s'y familiarise avec les poètes italiens dont l'influence marquera fortement son œuvre.
De retour en France en 1567, il gagne, en le flattant habilement, la faveur du duc d'Anjou, le futur Henri III ; il se pousse avec adresse dans le milieu des secrétaires de la Chambre, dans les salons influents (celui de la maréchale de Retz notamment) et dans les bonnes grâces de personnages haut placés.
C'est le début d'une carrière de courtisan et d'écrivain exceptionnellement réussie.
Il chante ses amours (ou plutôt prête sa plume à des grands dont il chante, sous son nom, les amours) : il compose ainsi les Amours de Diane (1573), puis les Amours d'Hippolyte (1573) (adressées à Marguerite de Valois, femme d'Henri de Navarre), ensembles de sonnets, de stances, de chansons qu'il réunit en 1573 dans un recueil intitulé Premières Œuvres (dédié au duc d'Anjou) et auxquels il joint des Élégies (1583), des Meslanges (en particulier des Bergeries ), ainsi que des Imitations de l'Arioste qui étaient déjà parues dans un volume collectif.
Le duc d'Anjou emmène son favori en Pologne en qualité de secrétaire de sa chancellerie lorsqu'il est élu roi par la Diète, et il fait de lui le lecteur de son cabinet quand, de retour en France, il succède à Charles IX. Desportes, qui seconde le nouveau roi de ses talents, est comblé de libéralités (plusieurs abbayes en particulier) et admis dans ses conseils ; à la Cour, il apparaît comme le rival heureux de Ronsard.
Il fait régulièrement rééditer ses Premières Œuvres (on a pu parler à leur propos du plus grand succès de librairie au XVIe s.), en les augmentant : il y ajoute en 1583 les Amours de Cléonice.
À la mort d’Henri III, il se rallie d’abord à la Ligue et collabore à la défense de Rouen contre Henri IV avant de négocier la reddition des places normandes réfractaires.
Sous le règne d’Henri IV, il se retire dans sa province natale, éclipsé par François de Malherbe et le triomphe de sa nouvelle doctrine poétique. Le nouveau poète officiel le critiquera directement en annotant toutes ses œuvres dans son Commentaire sur Desportes, daté de 1600.
Il fut un temps propriétaire d’un manoir, sis dans les faubourgs de Rouen, appelé « manoir de Hauteville », « Clos des Trois Cochons » ou encore « Enclos des Trois Maisons Cornues » et « Manoir de Saint-Yon », où Jean-Baptiste de la Salle installa au xviiie siècle la maison mère des Frères des Écoles chrétiennes.
Son oeuvre
Nourri d'Homère et de Virgile, Desportes poussa moins loin que Ronsard l'imitation de l'Antiquité.
Il polit la langue, donna plus de soin à la régularité des rimes, à l'harmonie de la phrase ; les inversions chez lui sont moins fréquentes et plus claires que chez Ronsard ; les hiatus et les enjambements commencent à disparaître dans ses vers. La grâce de ses sonnets, la verve de ses chansons suffirait à lui assurer la renommée. Il faut lire sa Villanelle de Rosette et quelques vers sur le bonheur de la campagne qui ont inspiré La Fontaine.
Il figure avec Jean Bertaut dans les vers dédaigneux que Boileau écrivit sur Ronsard dans L'Art poétique :
« Ce poète orgueilleux, trébuché de si haut,
Rendit plus retenus Desportes et Bertaut. »
Ses Poésies, en partie galantes, en partie dévotes, eurent un grand succès : il y imite avec bonheur Clément Marot et les poètes italiens.